La pédagogie Dalcroze:
1. Principes
La pédagogie Dalcroze est une méthode d'éducation musicale qui met en relation les liens naturels entre le mouvement corporel et le mouvement musical conduisant au développement des facultés artistiques de celui ou celle qui la pratique. Les trois matières principales sont: la Rythmique, le Solfège et l’Improvisation.
La rythmique Jaques-Dalcroze n’est pas une pédagogie pour « apprendre les rythmes », c’est une méthodologie complète qui permet de vivre sensoriellement toutes les notions musicales nécessaires au développement des capacités auditives et rythmiques de l’élève.
A travers la stimulation de la motricité globale, la perception et la conscience corporelle sont travaillées et permettent au musicien amateur ou professionnel de tout âge, de vivre son propre corps comme premier instrument, celui par lequel sa musicalité est ressentie et transmise.
Les notions rythmiques: mesure, carrure, pulsation, rapport des durées… comme les notions harmoniques et mélodiques: gammes, tonalités, intervalles, accords, phrasé… sont vécues à travers le mouvement, le jeu, l’improvisation, les exercices de réaction, de coordination ou de dissociation et deviennent ainsi une réalité concrète pour l’élève qui s’appuyant sur un souvenir corporel passera à l’analyse en ayant la possibilité de relier l’expérience vécue à un concept solfégique.
Ces exercices spécifiques développent conjointement les aptitudes auditrices et motrices, entraînent la mémoire et la concentration, éduquent la sensibilité, la spontanéité et la capacité de représentation rapide. Ils stimulent le pouvoir de création et favorisent une intégration harmonieuse des facultés sensorielles, affectives et mentales de tout l’être.
Le développement de l’oreille musicale se fonde par conséquent sur l’expérience de l’organisme entier, en relation avec l’espace qui l’entoure.
Il trouve son prolongement naturel dans deux directions:
- d’une part dans l’étude du solfège, qui débouche à son tour sur la pratique d’un instrument et l’improvisation musicale.
- d’autre part dans l’étude de la technique et de l’expression corporelles, qui débouchent sur la danse artistique et la création chorégraphique.
Le professeur dalcrozien n’applique pas à proprement parler une « méthode », tel un corpus d’exercices ou un répertoire figé, mais invente son cours en fonction de ses élèves, de leur compréhension, des individualités.
Il s’appuie cependant sur une méthodologie précise, et sur une expérience pratique acquise de manière intensive au cours de ses études.
Sa formation poussée en improvisation, instrumentale, vocale et corporelle, lui permet d’inventer des musiques ou des jeux adaptés précisément à l’instant et au groupe présent.
La méthode Dalcroze s’adresse aux personnes de tous âges, et de tous niveaux (débutants à supérieurs).
En France, aujourd’hui, cette méthode est enseignée dans certains conservatoires et dans différentes structures d’enseignement musical où elle permet d’enseigner les mêmes programmes de formation musicale qu’un cours de solfège traditionnel, seule l’approche diffère.
Aux professionnels de la musique ou du mouvement, elle offre un nouveau regard sur l’exercice de leurs compétences personnelles.
Aux amateurs, enfants, adolescents, adultes ou seniors, elle procure les moyens d’accéder de façon vivante à la conscience d’eux-mêmes et au plaisir de la découverte artistique.
La pratique dalcrozienne est aussi une expérience humaine valorisante, suscitant enthousiasme, confiance, écoute et connaissance de soi comme du groupe.
2. Diversité
S’interrogeant sur les rapports entre musique et mouvement, notamment à travers les interactions temps – espace – énergie, la démarche dalcrozienne est au centre de nombreuses démarches artistiques (musique, danse, théâtre…) mais aussi thérapeutiques (psychomotricité, handicap).
Depuis Mary Wigman, élève de Jaques-Dalcroze et initiatrice de la « danse libre » ou Marie Rambert, élève également puis professeur auprès des ballets russes de S. Diaghilev et assistante de Nijinski pour le « Sacre du printemps » de I.Stravinsky, la danse contemporaine a noué très tôt des liens étroits avec la Rythmique.
Contemporain de Rudolf Laban, Emile Jaques-Dalcroze a notamment influencé les chorégraphes allemands des années 20 et 30. A Hellerau (Allemagne) dans les années 10, en collaboration avec Adolphe Appia, s’invente un nouvel espace scénique (salle « neutre », espace modulable, escalier à géométrie variable).Auprès des musiciens, le contact est parfois plus difficile: Émile Jaques-Dalcroze bouscule les habitudes et la conception traditionnelle de l’enseignement. Il connaîtra d’abord un succès plus évident aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons, scandinaves ou d’Europe de l’est, ainsi qu’au Japon. La pédagogie dalcrozienne est enseignée dans les conservatoires supérieurs de musique (Carnegie-Mellon University de New York, Royal College of Music à Manchester, Haute Ecole de Musique et d’Art dramatique de Bienne, Akademia Muzyczna de Varsovie…) Elle est également l’une des premières méthodes d’enseignement musical appelée « méthodes actives », puisque Emile Jaques-dalcroze a commencé ses recherches pédagogiques au début du XXème siècle.Actuellement, la diversité des démarches dalcroziennes reflète à la fois la volonté de son fondateur de ne pas figer son enseignement, et la richesse de ses possibilités.